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Dating : Les relations amoureuses au XXIe siècle / Part III

h2>Dating : Les relations amoureuses au XXIe siècle / Part III

Fia Maureen Kakou
Sophie Dherbecourt, « Les Chuchotements sur le Sable »

J’ai choisi ce tableau de Sophie Dherbecourt,* pour la poésie et la lumière des deux amants tendrement lovés, mais surtout, parce que son art est une délicieuse osmose entre romantisme et sensualité.

Avec la digitalisation et le consumérisme, s’impose inéluctablement la chosification de l’être, et ce, au cœur même du lien intime. La révolution sexuelle a émancipé la génération Y, mais il en résulte que les histoires de Q prennent souvent le pas sur les histoires de cœur (bien qu’elles soient intrinsèquement liées)… Assistons-nous à une crise du romantisme ?

L’artiste Nelly Zagury et son œuvre « Cupid’s Arrow » : elle questionne la frontière ténue entre l’amour et la sexualité, le rapport intrinsèque qui lie chair et émotions.

Nelly Zagury : « Ce phallus recouvert de cristaux Swarovski, accompagné de sa flèche, symbolise la dépendance sexuelle qui peut se créer à notre époque, que l’on confond parfois avec de l’amour, car on ne sait pas très bien où sont les frontières entre sexualité et sentiments. »

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On pourrait penser que non, quand on lit les messages qui circulent sur Amours Solitaires. Créé par Morgane Ortin, ce compte Instagram met en lumière des lettres d’amour 2.0 et œuvre pour la revalorisation du sentiment, à une époque où la sensibilité est dépréciée.

Morgane Ortin, fondatrice d’Amours Solitaires

Un des projets de la femme de lettres, est de défricher la poésie sur des sites de rencontres, et de montrer ainsi, que malgré la dématérialisation qu’instaure le digital, la sensibilité humaine demeure. In fine, il s’agit de prouver que la nouvelle génération s’intéresse “encore” à l’amour. À la vérité nue des sentiments.

Les 803 000 abonnés de Morgane sont indubitablement révélateurs, quant au fait que la nouvelle génération chérit toujours l’amour et le romantisme.

Pour autant, il faut l’admettre : notre génération est régie par la peur de l’engagement, à laquelle se substitue la course effrénée au sexe. De plus, le développement personnel et la réalisation de ses rêves, passent désormais, bien avant la rencontre amoureuse.

Le mariage et la construction d’un foyer ne sont clairement pas des rêves contemporains, si bien que la seule notion d’“engagement” – qui sous-entendrait fidélité et construction d’une relation durable —, fait peur et même, fait fuir.

En outre, je tiens à pointer du doigt la déresponsabilisation dont nombre de personnes font preuve, en bafouant les sentiments d’autrui. Il est devenu commun de quitter l’autre via l’écran, entre autres, en le (la) ghostant ou en le (la) bloquant. Il est devenu commun que des hommes demandent du sexe sur les sites de rencontres ou les réseaux sociaux, comme si c’était un dû. Patriarcat oblige, les femmes sont sans conteste les premières à être objectifiées.

Image : Luis Quiles

Il est devenu commun qu’une personne en quête d’une rencontre amoureuse (réelle, vraie), se sente ou se voie ridiculisée par une époque qui moque le “romantisme”, la sensibilité, voire la sincérité : la nudité du sentiment, l’authenticité même de l’humain. Autrement dit, son essence.

Dans son essai La Fin de l’amour, la sociologue Eva Illouz analyse les effets du capitalisme sur nos amours contemporaines. Elle décrypte la marchandisation des relations intimes, la décomposition de nos liens, expliquant ainsi qu’on entre dans l’ère du « non-amour ». Directrice d’études à l’EHESS depuis près de vingt ans, son travail passionnant et d’une lucidité rare, nous éclaire sur les enjeux des amours actuelles.

Malgré les connexions humaines et l’ouverture grandiose qu’offre le digital, il semblerait que nous soyons de plus en plus déconnectés de nos émotions.

Image : Giulia Rosa

Ou plutôt, nous nous y refusons, tandis que la dématérialisation instaure, plus que jamais, le besoin de se (re)connecter aux autres et à soi.

Image : Giulia Rosa

Ténue se fait la frontière entre réalité et virtualité. À l’heure où la connexion est facilitée par les applications et les réseaux sociaux, nous avons de plus en plus de mal à nous connecter à l’autre, si bien que l’engagement sentimental ne fait plus rêver. Des amitiés câlines aux amours libres, en passant par les sempiternelles coucheries, la volonté de bâtir à deux semble obsolète. La sexualité libérée n’est pas un outrage à l’affectivité réelle, mais on remarque que les plans Q sont plus en vogue que les “histoires d’amour” pour lesquelles l’on se donne, corps et âme. Comment pallier ce manque ? C’est en tout cas, un des grands défis de notre époque, où l’amour s’impose de plus en plus comme un sujet politique.

Getty Images

En effet, si la digitalisation et le capitalisme ont changé nos rapports amoureux, n’oublions pas que le féminisme a joué un rôle primordial dans cette nouvelle approche du lien intime… De la libération sexuelle à la libération de la parole, en passant par la déconstruction du genre, des structures sociales, familiales, ainsi que la déconstruction de soi.

En quoi le féminisme a-t-il déconstruit nos amours ? Comment explorer l’amour à la lumière du féminisme ?

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* « Chuchotements sur le Sable », Sophie Dherbecourt : ce tableau est à gagner dans le cadre d’une tombola solidaire pour lutter contres les violences conjugales.

Pour aller plus loin :

Écouter l’émission de Nadia Daam, sur France Inter : « Modern Love » qui explore les amours modernes.

Découvrir le livre de l’exposition « Futures of Love ».

Écouter les paroles de Las Aves « A Change of Heart ». Regardez le joli clip aussi.

Lire Eva Illouz, La Fin de l’amour, enquête sur un désarroi contemporain

Lire Eva Illouz, Pourquoi l’amour fait mal : l’expérience amoureuse dans la modernité


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